Histoire de Melun – Le castrum romain

Au IVe siècle, tout comme Lutèce, Meteglo (Melun) voit l’édification d’un castrum (une forteresse) sur une île de la Seine. Contemporaines, les deux constructions comportent de nombreuses similitudes. Si celui de Lutèce est plus connu de la communauté scientifique et a fait l’objet de nombreux articles, celui de Meteglo l’est beaucoup moins. 

Cette hypothèse de reconstitution dessinée du castrum melunais se propose d’en donner une vision moderne, élaborée en fonction des dernières données.

Attesté dès le VIe siècle dans les écrits de Grégoire de Tours, puis au IXe siècle dans ceux d’Hincmar, archevêque de Reims, le castrum de Melun n’est cependant connu des historiens locaux que depuis le XVIIe s.

Le castrum de Melun est encore aujourd’hui peu documenté en raison du faible nombre d’interventions archéologiques dont il a fait l’objet. De plus, de nombreuses constructions médiévales et modernes ont perturbé les niveaux archéologiques et compliquent encore la lecture des rares vestiges conservés. En l’état actuel des connaissances, le castrum s’étend sur une longueur de 520 m pour une largeur n’excédant pas 95 m au point le plus large. Sa forme affecte celle d’un fuseau étroit et allongé, visiblement imposée par le cours du fleuve et les contours de l’île ou des îlots sur lesquels il fut construit.

Une vingtaine de découvertes ponctuelles effectuées au XIXe et au XXe s. ont permis de préciser le tracé quasi complet de son enceinte. Les premières fouilles méthodiques sur les fondations de la muraille antique ont été opérées en 2001 à l’extrémité sud-ouest de l’île, à l’emplacement de la nouvelle médiathèque municipale, et portaient malheureusement sur des niveaux très perturbées par des constructions plus récentes.

Ces observations permettent d’établir que les blocs formant le premier niveau d’assise ont été posés directement, et sans mortier, à même un sol alluvionnaire n’ayant pas nécessité un renfort de pieux mais un faible radier de pierres non équarries. La présence d’un second niveau de fondation constitué également de blocs de remploi recouvrant le précédent est attesté. Sur ces fondations se dressait un mur d’enceinte constitué de moellons bien ajustés alternant avec des lits de briques. La présence de tours n’est pour le moment pas attestée. 

Dès la seconde moitié du IIIes., la pression qu’exercent les ennemis de Rome aux frontières de l’Empire se fait plus agressive et impose aux Romains de repenser totalement leur système défensif. En Occident, des défenses linéaires naturelles, comme les fleuves Rhin et Danube, sont mises à profit pour contrer les Germains, en particulier les Alamans et les Goths. Mais à l’ouest, la menace des pirates saxons et francs, qui n’hésitent pas à s’engager dans les estuaires et à remonter le cours des fleuves, est telle que les Romains organisent alors un mode de défense particulier du littoral, des estuaires et des fleuves.

L’archéologie confirme la présence du litus saxonicum (le littoral des Saxons), sous la forme de nombreux fortins chargés de protéger à la fois le littoral sud-est de l’Angleterre et la côte nord-ouest du continent. Dans cette perspective, la nécessité de défendre la Seine aurait pu imposer la construction de plusieurs castrum comme ceux de Melun et de Paris, abritant les marins et soldats de la classis Anderetianorum, une flotte fluviale mentionnée dans la Notice des Dignités, dont le préfet était à Lutèce.

Silvio Luccisano

Le GRAM, Groupe de Recherche Archéologique Melunais (association que je préside) a commandé ce dessin (Illustration C.Ansar), hypothèse de reconstitution du castrum de Melun dans son premier état.

Pour en savoir plus, lire ici le PDF de l’article complet que vous pouvez retrouver sous une forme papier dans le Bulletin n°10 de « Histoire et archéologie du pays melunais » publié par le GRAM en 2023. Pour commander ce bulletin, contactez-nous via le lien « contact » sur le site.

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